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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 21:11

Question :


Pourriez-vous nous commenter le récit suivant : Ibn Hajar mentionne dans son ouvrage Bulûgh al Marâm : « Ibn ‘Abbâs (qu’Allah les agrée) a dit : « Le Prophète (salla Allahu ‘aleyhi wa sallam) a dit : « Celui qui a parlé le jour du vendredi alors que l’imam prononçait le sermon est semblable à l’âne qui porte des livres ; quant à celui qui lui dit : « Tais-toi et écoute », il n’a pas de jumu’a » (Rapporté par Ahmed avec une chaîne de transmission qui ne pose pas problème). Ce hadith explique celui d’Abû Hurayra (qu’Allah l’agrée) qu’on trouve sous forme marfû’ dans les deux recueils authentiques et qui dit : « Lorsque tu dis à ton compagnon : « Tais-toi et écoute » le jour du vendredi alors que l’imam fait le sermon, tu as prononcé une futilité » ».

 


Réponse :


Le hadith [selon Ibn ‘Abbâs] est rapporté par l’imam Ahmed dans son musnad et par Abû Bakr Ibn Abî Chaybah ainsi qu’At-Tabarânî. Tous citent Mujâlid Ibn Sa’îd d’après ‘Âmir Ach-Cha’bî selon Ibn ‘Abbâs.


Cela étant, les grands hufâdh (experts en hadith) considèrent Mujâlid comme étant peu fiable. L’imam Ahmed a dit à propos de ses récits qu’ils ne valaient rien. Yahya Ibn Sa’îd rapporte la même chose à son sujet. Quant à Yahya Ibn Ma’în, il estime que ses récits ne peuvent servir d’argument. C’est pourquoi le fait est que Al Hafidh Ibn Hajar considère que sa chaine ne pose pas problème n’est pas correct, car de grands imams ont estimé que Mujâlid était peu fiable.


Pour ce qui est du hadith d’Abû Hurayra, cité par l’auteur (Ibn Hajar) qu’Allah lui fasse miséricorde, il s’agit d’un récit présent dans les deux recueils authentiques. Al Bukhârî, qu’Allah lui fasse miséricorde, mentionne dans son ouvrage la chose suivante : « Yahya Ibn Bakîr rapporte d’après Al Layth selon ‘Aqîl d’après Ibn Chuhâb qui le tient de Sa’îd Ibn Al Musayib qui rapporte d’après Abû Hurayra que le Prophète (salla Allahu ‘aleyhi wa sallam) a dit : « Lorsque le jour du vendredi tu dis à ton compagnon « Tais-toi et écoute » pendant que l’imam fait son sermon, tu as prononcé une futilité » ». Muslim, qu’Allah lui fasse miséricorde, relate quant à lui dans son ouvrage que Qutayba Ibn Sa’îd et Muhamed Ibn Rumh rapportent ce récit d’après Al Layth.


Ce hadith prouve ainsi qu’il est interdit de parler pendant le sermon de la prière du vendredi. Tel est le sens apparent du hadith, même s’il s’agit de [parler pour] recommander le convenable et d’interdire le blâmable. De même qu’au premier abord, il ressort de ce hadith qu’il est permis de parler entre les deux sermons compte tenu de la porté restrictive des propos « alors que l’imam fait son sermon » car le hadith indique qu’il s’agit du moment où l’imam fait son sermon.


Concernant les propos du Messager d’Allah (salla Allahu ‘aleyhi wa sallam) dans la version d’Ibn ‘Abbâs : «  [Cette personne] n’a pas de jumu’a », les érudits divergent quant à sa signification. Certains disent que sa prière équivaudra alors à une prière de Dohr ; ils se basent pour cela sur un hadith rapporté par Abû Dâwud. D’autres disent que la récompense liée à al prière du vendredi ne lui sera pas inscrite. Mais comme cette prière reste valide, il n’est pas nécessaire de la refaire. Il existe par ailleurs d’autres avis sur ce sujet.


Toujours est-il que ce hadith possède une chaîne de transmission qui fait l’objet de critiques. Même le hadith châhid  rapporté par Abû Dâwud selon Alî Ibn Abi Tâlib [1] possède une chaîne contestée.


Dans une autre version, Abû Dâwud rapporte dans ses Sunan [2], d’après ‘Amr Ibn Chu’ayb, selon son père qui le tient de son grand-père qui relate que le Prophète (salla Allahu ‘aleyhi wa sallam) a dit : « […] Quiconque parle (laghâ) pendant le sermon et marche de rang en rang en enjambant le cou des autres, sa prière sera comme une prière du dohr ». Al laghw désigne la parole qui n’a pas d’utilité.


Ce hadith indique en l’occurrence que la prière du vendredi d’un tel individu revient à une prière du Dohr s’il combine la parole futile et le fait d’enjamber les gens. Quant à l’invocation pendant que l’imam prononce le sermon, il existe un hadith « fort » relaté par Abû Dâwud de type marfu’[3], par l’intermédiaire de ‘Amr Ibn Chu’ayb selon son père que le tient de son grand père qui rapporte que le Prophète (salla Allahu ‘aleyhi wa sallam) a dit : « Trois sortes d'hommes assistent à la prière du vendredi… ». [4] il mentionna ensuite parmi eux l’homme qui y assiste en invoquant Allah qui, s'Il veut, exauce son invocation ou, s'Il veut, ne l'exauce pas. Ce hadith prouve qu’il y a une distinction entre la parole vaine (laghw) et l’invocation même si ces deux actes contribuent à faire que l’on n’écoute pas le prêche.


Par ailleurs, les érudits divergent également sur le fait de rendre ou non le « salam » , d’invoquer en faveur de celui qui éternue [5], ou de réprouver le blâmable alors que l’imam prononce le prêche. Pour ce qui est de l’imam, il n’y a pas d’interdiction à ce qu’il salue en retour une personne, qu’il invoque en faveur de celui qui éternue ou qu’il réprouve le blâmable [pendant son sermon] en vertu du hadith de Jâbir Ibn ‘AbdAllah, cité dans les deux recueils authentiques, qui relate le fait que le Prophète (salla Allahu ‘aleyhi wa sallam) ordonna à Sulayk d’effectuer deux unités de prière [6].


Quant au fidèle, s’il n’entend pas le sermon, il ne lui est pas interdit de rendre le salut, d’invoquer en faveur de celui qui éternue ou d’ordonner le convenable et d’interdire le blâmable, tout comme il peut s’occuper à lire le Coran comme l’indique l’imam Ahmed (qu’Allah lui fasse miséricorde).


Toutefois, s’il entend le sermon, certains érudits stipulent que celui qui veut rendre le salam et invoquer en faveur de celui qui éternue doit le faire à voix basse. S’il souhaite en revanche ordonner le convenable et interdire le blâmable, il [se doit] de le faire par des gestes et non par la parole. Selon eux, cela s’explique par le fait que les savants sont unanimes pour dire que rendre le salam est obligatoire tandis qu’écouter le sermon fait l’objet d’une divergence: ainsi, certains considèrent qu’écouter le sermon relève de la tradition prophétique (sunna) et c’est l’avis pour lequel l’école chafi’ite [7] et un groupe de tâbi’în ont opté.


D’autres, quant à eux, estiment qu’écouter le sermon est obligatoire et c’est l’opinion la plus correcte [8].


Un troisième avis stipule que le fidèle ne doit ni répondre au salam, ni invoquer en faveur de celui qui éternue, ni ordonner le convenable et interdire le blâmable, les partisans de cet avis se basent sur le sens apparent du hadith d’Abû Hurayra qui dit : « Si tu dis à ton frère ‘écoute’… » ; or [le fait de dire « écoute »] relève de la recommandation du convenable et de l’interdiction du blâmable, pourtant le Messager d’Allah (salla Allahu ‘aleyhi wa sallam) a déclaré que répondre de la sorte [pendant que l’imam prononce le sermon] entrait dans le cadre de la parole futile. Ainsi, les partisans de cet avis s’appuient sur le sens apparent de ce hadith tandis que les partisans du premier avis se fondent sur certaines règles et interprétations utiles. Néanmoins, c’est le sens apparent d’un hadith qui doit être prioritairement retenu.

 

 

Cheikh Sulaymân Ibn Nâsir Al ‘Alwân

 


Source : commentaire de Bulûgh Al Marâm, chapitre « la prière du vendredi » hadith n°454

 


Traduction : umhamza

Relecture et correction : Oum Mou’âwiya

 

 


[1] NDT: « Celui qui dit « silence!» s’est lancé dans le bavardage et celui qui se lance dans le bavardage n’a pas de prière du Jumu’a ».


[2] NDT : Hadith n° 347 Chapitre « Le bain rituel le jour du vendredi »

Ibn Wahb, un des narrateurs, précise : « Ce qui signifie que sa prière est tout de même valable mais il sera privé de la récompense liée à la prière du Vendredi » (voir Fath al Bârî 2/414).


[3] NDT : Récit qui remonte jusqu’au Prophète (salla Allahu ‘aleyhi wa sallam).


[4] NDT : Sunan Abu Dâwud, hadith n°1113 chapitre « Parler lorsque l’imam prononce le sermon ».


[5] NDT : C'est-à-dire répondre : « yarhamuk Allah » à celui qui dit : « Al hamdulilah » après avoir éternué.


[6] NDT : Jâbir Ibn ‘AbdAllah raconte : « Un homme arriva un vendredi, alors que le Prophète  (salla Allahu ‘aleyhi wa sallam) prononçait son sermon ; ce dernier (salla Allahu ‘aleyhi wa sallam) lui demanda : « As-tu prié ? », « Non », répondit-t-il. Il lui dit alors : « Lève-toi et accomplis deux rak’a » ».


[7] NDT : Ach-Châfi'î  dit dans Al Umm tome 1 page 234 : "Si un homme salue un autre fidèle [alors que l’imam prononce le sermon] le jour du vendredi, je trouve cela détestable mais je pense qu'on doit lui répondre car rendre le salam est obligatoire".

 

[8] NDT : Ibn ‘Abd Al Barr dit dans al istidhkâr (5/43) : « Il n’y a pas de désaccord entre les jurisconsultes des contrées sur le fait qu’il est obligatoire de garder le silence et d'écouter attentivement le sermon, pour ceux qui l'entendent. » 

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