Question n° 1227
As-salâmu ‘alaykum wa rahmatu Allah wa barakâtuh,
Cette question n’est pas de moi, je ne fais que transmettre :
« Je suis une fille de 16 ans, j’ai rencontré un jeune homme de 17 ans et nous nous sommes rapidement mis d’accord sur le mariage afin d’éviter qu’il se passe quoi que ce soit entre nous qui puisse mettre en colère Allah.
Notre objectif dès le départ, était la voie du licite surtout que j’ai trouvé en lui un époux pieux qui m’aidera à obéir à Allah. Par la suite, il est venu demander ma main auprès de mon père qui a accepté sous les conditions suivantes :
- que je reste chez mes parents après le mariage jusqu’à ce que j’aie atteint mes 18 ans,
- que je ne m’isole jamais avec mon mari lorsqu’il vient nous rendre visite à la maison, que les pièces restent toujours ouvertes là où l’on se trouve et qu’on ne sorte jamais tous seuls.
Nous avons longuement hésité avant d’accepter les conditions que mon père a imposées mais nous n’avons pas eu d’autre choix afin de nous marier.
Cependant, six mois se sont écoulés depuis la conclusion de notre [contrat de] mariage et nous nous sommes rendus compte que nous n’avons pas la force de respecter ces conditions notamment en raison de la fitna qui nous entoure de partout ici, dans un pays peuplé par des non-musulmans. Mais aussi parce que nous savons que nous sommes licites l’un pour l’autre.
Ma question est la suivante : dans le cas où nous ne respecterions pas les engagements que nous avons pris devant mon père, quelles en seront les conséquences ?
Aurions-nous alors commis un péché et est-ce que cela aura une influence quelconque sur la légalité de notre contrat de mariage ?
Mon père a-t-il le droit à la base, de nous imposer ce type de conditions ? »
Sammak.
Réponse :
Louages à Allah, prières et salutation sur Son messager.
Il appartient au père de poser les conditions qu’il souhaite et qu’il estime convenir [à la situation de sa fille]. Par ailleurs, il ne fait aucun doute que le père ne désire que l’intérêt de ses enfants, certains enfants le savent mais hélas, beaucoup d’autres l’ignorent. Ainsi, s’il estime que sa fille est encore jeune ou autre mais qu’il se voit obligé de conclure son contrat de mariage en décidant de remettre à plus tard le moment de l’isolement des époux avec leur accord, ceci constitue évidemment une condition valide et effective.
Il est donc obligatoire pour un mari respectable et pour la fille, d’honorer la clause qu’ils ont tous les deux acceptée. Ils ne peuvent se permettre de manquer à l’engagement qu’ils ont pris vis-à-vis du père, surtout qu’il s’agit là d’une question importante relative au mariage qui est la détermination du moment de l’isolement (al khulwa) et du moment de la consommation du mariage (ad-dukhûl).
En effet, il découle de la détermination de ces [notions juridiques] une multitude de répercutions légales et une multitude de problématiques. En cas de grossesse notamment, le père saura que sa condition n’a pas été respectée et celui-ci sera en droit de demander la dissolution du mariage (al faskh) [en vertu du non respect de l’une des clauses du contrat de mariage]. A ce moment là, s’appliquera à votre cas la parole des juristes : « celui qui s’empresse d’obtenir une chose avant l’heure, s’en verra puni par sa privation ».
Dès lors, il est obligatoire pour les parties concernées par ces conditions de les respecter. En cas de non respect de cette clause, ils auront commis une chose interdite. Cela ne signifie pas que leur contrat est invalide ou qu’ils auront commis la turpitude de la fornication, mais la désobéissance au père sur ce point, représente un non-respect des pactes et des engagements [pris par le musulman]. Aussi, il en résulte que la fille se sera soustraite à l’obéissance du tuteur à qui elle appartient, et tout cela constitue des interdits et des péchés qu’il ne convient en aucun cas de minimiser. Allah dit : « Ô croyants ! Respectez vos engagements ! » (5 : 1).
‘Uqba rapporte que le Prophète - salla Allahu ‘alayhi wa sallam - a dit : « Les conditions qui méritent le plus d’être respectées sont celles par lesquelles leurs parties intimes vous ont été rendues licites », rapporté par Al Bukhâri et Muslim.
Abû Ad-Dardâ² rapporte qu’un homme vint le voir et lui dit : « J’ai une femme que ma mère m’ordonne de répudier ». Abû Ad-Dardâ² répondit : « J’entendis le Prophète - salla Allahu ‘alayhi wa sallam - dire : « Le père (ou la mère) représente une porte (du milieu) menant au paradis ». Abû Ad-Dardâ² poursuivit en disant : « Si tu veux délaisser cette porte, fais-le, mais si tu veux la préserver, préserve-la ».
Malgré cela, j'estime qu'il n’est pas sage de mettre de l’huile près du feu et de vouloir éviter l’incendie. En principe, il n’y a pas d’attente entre le moment de la conclusion du contrat de mariage, le moment de sa déclaration, et le moment de l’isolement des époux. Ceci dit, il arrive qu’on soit amené à établir une période [entre ces événements] afin d’enseigner à la fille ce qui lui sera utile concernant les droits de son époux et afin de la préparer au mariage.
Aussi, le fait de laisser libre cours à ses pulsions pour les affaiblir, y compris à travers la voie licite, n’est certainement pas le seul moyen de faire face aux fitan (tentations). En effet, lorsque le Prophète - salla Allahu ‘alayhi wa sallam - cita le mariage, il dit : « Il pourra ainsi mieux baisser son regard et préserver sa chasteté », mais lorsqu’il cita le jeûne, il dit : « le jeûne sera pour lui une protection (contre la tentation). »
Ainsi, le jeûne est le moyen plus efficace pour contrôler ses pulsions, et a l’avantage, [dans votre cas], d’être une solution légale contrairement au non-respect des clauses et des engagements d’un contrat de mariage.
Et Allah demeure le plus savant.
Cheikh Abû Idrîs Al Yamanî.
Traduction par Oum-Ishâq
Relecture et correction par Oum_Mou'âwiya
