Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 00:40

Question n°1217

 

As salâmu ‘alaykum wa rahmatu Allah wa barakâtuh

 

Nobles savants,

 

Qu’Allah vous bénisse et fasse de vous des secoureurs et une munition pour l’islam et les musulmans.

 

Ma question est la suivante : y a-t-il un quelconque mal à ce que des jeunes frères pieux et croyants organisent des assises pour se détendre, se distraire et jouer à des jeux vidéo ?

 

 

 

 

 

Réponse :

 

 

Wa ‘alaykum assalâm wa rahmatu Allah wa barakâtuh,

 

Qu’Allah vous bénisse également cher frère questionneur.

 

Premièrement : Le temps est trop précieux pour être gaspillé dans le jeu, la distraction et la détente. Al Hasan Al Basrî disait : « Ô fils d’Adam, [ton existence] se limite à quelques jours ; chaque jour qui passe n’est autre qu’une partie de toi qui disparaît avec lui.» (Hilyatu al Awliyâ² : 2/148)

 

Il a disait aussi : « Il n’y a pas un jour où l’aube apparaît sans qu’il ne s’écrie en disant : « ô fils d’Adam, je suis une nouvelle créature, je témoigne de tes œuvres, profite de ma provision car une fois passé, je ne reviendrai plus jusqu’au jour de la résurrection. » » (Hilyatou al Awliyâ² : 2/147)

 

 

Al Khalîl Ibn Ahmad - qu’Allah lui fasse miséricorde - a dit aussi : « Le temps se divise en trois : le passé qui ne reviendra pas, le temps présent dans lequel tu vis, vois donc bien comment tu l’utilises, et un temps [futur] que tu attends, mais il est possible que tu ne l’atteignes pas » (Tabaqât al Hanâbila : 1/288).

 

Al Wazîr Yahyâ Ibn Hubayra disait :

 

Le temps est la chose la plus précieuse qu’il t’a été donné de préserver…

Et c’est la chose la plus facile à perdre…

 

Ainsi, les Salafs ne perdaient pas leur temps de façon inutile. L’imam Adh-Dhahabî, dans la biographie de ‘Abdel Wahhâb Ibn ‘Abdel Wahhâb Al Amîn rapporte à son sujet que : « Ses horaires étaient soigneusement respectés, aucune heure ne passait sans qu’il ne soit en train de lire, d’invoquer le souvenir d’Allah, de faire la prière du tahadjjoud, ou de réciter [une chose profitable] à son auditoire », (Ma’rifat Al Qurrâ² al Kibâr : 2/465). 

 

On rapporte également qu’un homme dit à ‘Âmir Ibn ‘Abd Qays : « Arrête-toi que je te parle ». Celui-ci de répondre : « Retiens le soleil [si tu peux] ». (Laftat al Kabid, d’Ibn Al Jawzî)

 

On rapporte en outre que des hommes restèrent assis chez Ma’roûf (qu’Allah lui fasse miséricorde), celui-ci leur dit alors « Ne voulez-vous pas vous lever [et vaquer à vos préoccupations] ? Celui qui détient le soleil le fait déplacer et ne le ralentit pas ». (Laftat al kabid, d’ibn Al Jawzî)

 

 

Deuxièmement : Mes frères doivent constamment se rappeler que nous n’avons pas été créés pour jouer. Muhammed Ibn Nasr dit : « Silata Ibn Achyam sortait en direction d’un terrain déserté pour se consacrer à l’adoration, il passa près d’un groupe de jeunes gens qui s’amusaient et jouaient. Il s’adressa alors à eux en les interrogeant en ces termes : « Informez-moi au sujet de ce peuple qui voulut voyager mais qui ne prenait pas la route la journée et qui dormait la nuit, quand ont-ils accompli leur voyage ? ». Ainsi, à chaque fois qu’il passa près d’eux, il leur posa la même question. Un jour alors qu’il tint les mêmes propos, un jeune parmi eux y prêta attention et s’adressa à ses camarades : « Par Allah, il ne vise personne d’autre à part nous, nous nous amusons la journée et nous dormons la nuit ». Depuis ce jour-là, ce jeune se mit à accompagner Silata et marchait dernière lui pour se consacrer à l’adoration jusqu’à sa mort », Mukhtasar Qiyâm al-Layl, page 37.

 

Muhammed ‘Abdel Bâqî - qu’Allah lui fasse miséricorde - a dit : « Je n’ai pas le souvenir d’avoir perdu une heure de mon existence dans le jeu ou l’amusement », (Siyar A’lâm an-Nubalâ², 20/26).

 

Cheikh Yâsîn Ibn Yûsuf Az-Zarkachî rapporte : « Je me souviens lorsque le cheykh Mohy Ed-dîn (An-Nawawî) avait dix ans. Les enfants de son âge l’obligeaient à jouer avec eux mais il pleurait à cause de cela et les fuyait en récitant le coran. Depuis ce jour, j’éprouvai un grand amour pour lui. [Et même] lorsque son père le fit travailler dans son magasin, le commerce ne l’a jamais détourné du Coran. », Tabaqât ach-Châfi’iyya al Kubrâ.

 

Troisièmement : Il n’y pas de mal à se distraire et à se détendre de façon licite, à rire dans la mesure des règles [de bienséance] ou à jouer et plaisanter avec les frères. En effet, « Les Ansar avaient un endroit consacré aux débats et dans lequel ils se concertaient sur des sujets importants, cet endroit était appelé as-saqîfa. De même, les tribus d’immigrés (al mouhâdjroûn) avaient leurs propres assisses de causerie nocturne pour y discuter entre eux. Le Prophète - salla Allahou ‘alayhi wa sallam - y marquait une halte pour plaisanter et rire avec eux », (Mujtama’ al Madîna, page 144).

 

Bakr Ibn ‘Abdillah a dit : « Les Compagnons du Prophète se lançaient des morceaux de pastèque [pour s’amuser] mais dans les moments de vérité, c’étaient les hommes de la situation », rapporté par At-Tirmidhî. 

Ibrâhîm An-Nakha’î fut questionné en ces termes : « Est-ce que les Compagnons du Prophète riaient ? » - « Oui, tout en ayant une foi semblable aux montagnes inébranlables », répondit-il.

 

Aussi, on ne peut utiliser le hadith qui dit : « Il n’y a que trois choses qui font partie du divertissement pour l’homme : dresser son cheval, jouer avec sa femme et tirer à l’arc et aux flèches » pour statuer de l’interdiction du jeu et de l’amusement de façon absolue. Ce hadith, s’il est authentique, ne signifie pas que ces trois formes de distraction ou ce qui s’y rapporte sont les seules permises, mais plutôt que ces trois manières de se distraire sont les seules à être recommandées. Ibn Ma’în a dit au sujet de l’expression prophétique : « Il n’y a que trois choses qui font partie du divertissement » : [ce passage] concerne le divertissement recommandé. » (‘Awn Al Ma’bûd 7/82).

 

Dès lors, il est permis de jouer avec les jeux évoqués dans votre question, que ce soit des jeux électroniques ou autre. Cependant, celui qui y joue, doit veiller aux choses suivantes :

 

- ne pas manquer le temps réglementaire des prières obligatoires, ni de toute autre adoration,

- ne pas rentrer dans une altercation ou une animosité avec ses camarades dans le jeu et s’abstenir de prononcer des mots qui ne sont pas dignes de la moralité du musulman,

- couper le son de la musique qui pourrait accompagner ces jeux-là,

- détourner le regard de tout ce qui pourrait constituer une tentation.

 

Aussi, il est préférable de jouer aux jeux pouvant joindre l’utile à l’agréable comme ceux permettant d’apprendre des tactiques de guerre, comment piéger l’ennemi, le tir à l’arc ou autre. L’imâm As-Sakhawî – qu’Allah lui fasse miséricorde - a dit au sujet certains jeux: « Ils contiennent des tactiques de guerre, des astuces pour piéger l’ennemi, motiver l’âme, stimuler l’intelligence et la détermination. Ces jeux s’assimilent au tir à l’arc et à l’équitation. Al Mâwirdî a dit : « Ainsi, s’il ne s’agit pas d’une chose recommandée ou encouragée, ce n’est pas non plus [une activité] interdite ou défendue » » (‘Umdat al Muhtâj fi Hukmi ach-Chitranj, page 149).

 

Par ailleurs, le frère questionneur doit veiller à ce que l’essentiel du temps passé avec ses frères ne soit pas consacré aux assises d’amusement et de divertissement. Ibn Al Qayyim - qu’Allah lui fasse miséricorde - dit : « La rencontre avec les frères est de deux sortes : se rencontrer pour se tenir compagnie et faire passer le temps, ces rencontres-là engendrent plus de mal que de bien, et le moindre mal qu’elles puissent engendrer est de corrompre le cœur et de gaspiller le temps. Autrement, les rencontrer pour s’entraider dans les causes qui mènent au salut, s’enjoindre mutuellement à la vérité et à la patience. Voilà le plus utile et le plus grand bénéfice à en tirer » (al Fawâ²id, page 51).

 

Enfin, il n’y a pas de mal à jouer et à plaisanter lorsque cela est licite et dénué des interdictions que nous avons citées, lorsque cela ravive l’âme et l’apaise afin qu’elle puisse se renforcer dans l’adoration et la recherche de la science. Ceci dit, il convient de jouer et de plaisanter sans pour autant tomber dans l’exagération, comme le préconise Al Boustî : 

 

Accorde à ton humeur épuisée par les soucis, un moment de répit pour te détendre et soigne-la avec un peu de plaisanterie… 

 

Mais une fois que tu lui as donné [ce dont elle a besoin], ne dépasse pas la dose [prévue], tel le sel dans la nourriture…

 

Et Allah demeure Plus Savant.

 

Abû Humâm Bakr Ibn ‘Abdel ‘Azîz Al Atharî. 

 

 

Source : Tawhed.ws

 

 

Traduction : Oum-Ishâq

Relecture et correction : Oum_Mou'âwiya

Partager cet article
Repost0

commentaires

Spécial Hajj

http://img95.xooimage.com/files/b/9/a/rubrique-hajj-413bbd7.png

Rechercher

Spécial Ramadân

http://img96.xooimage.com/files/c/7/5/rubrique-ramad-n-3f47749.jpg