Question n°67
Le fait de vomir astreint-il le musulman à refaire ses ablutions mineures ?
Réponse :
La question fait l’objet d’une divergence entre savants. L’imam Mâlik estimait que celui qui a vomi n’était pas tenu de refaire ses ablutions mais qu’il devait seulement se gargariser et se laver la bouche, c’est aussi l’opinion de l’imam Ach-Châfi’î et, selon une narration, l’avis de l’imam Ahmad.
Abû Hanîfa, en revanche, considérait qu’il était obligatoire de refaire ses ablutions après avoir vomi. On attribue également cette position à l’imam Ahmad dans une seconde narration en vertu du hadith de Thawbân qui rapporte la chose suivante : « Après avoir vomi, le Prophète (salla Allahu ‘alayhi wa sallam) s’était levé et avait refait ses ablutions » (récit rapporté par Ahmad et At-Tirmithî d’après Abû Ad-Dardâ²).
Par ailleurs, Ibn Mâjah rapporte par l’intermédiaire d’Ismâ’îl Ibn ‘Ayyâch d’après Ibn Jurayj, d’après Ibn Abû Malîka qui tient de Aïcha que le Prophète (salla Allahu ‘alayhi wa sallam) a dit : « Que celui qui a été sujet à des vomissements, des régurgitations, à des saignements de nez ou à des écoulements de madhiyy [1] aille refaire ses ablutions puis s’assure de prier correctement en observant le silence ». Cela dit, ce hadith est classé dans la catégories des récits très faibles car Ismâîl Ibn 'Ayyâch n'est pas considéré fiable lorsqu'il rapporte des propos de la part de rapporteurs résidants en dehors de sa contrée.
Ainsi, le plus juste consiste à dire qu’il n’est pas obligatoire de refaire ses ablutions après avoir vomi, d’autant qu’il y a divergence sur l’authenticité du hadith de Thawbân. Et à supposer qu’il soit authentique, on doit le comprendre au sens qu’il est seulement préférable de les refaire car en principe, les actions abstraites [de ce genre accomplies par le Prophète (salla Allahu ‘aleyhi wa sallam)] expriment seulement la recommandation [et non l'obligation]. Dans son ouvrage « Al Istidhkâr », en commentant ce hadith d’après Abû Ad-Dardâ², l’imam Ibn 'Abdel Bârr dit : « Ce hadith ne renferme ni dans sa forme ni dans son sens la preuve d’une quelconque obligation ».
D’ailleurs, en observant plus attentivement la question, les ablutions dont la validité fait l’objet d’une unanimité ne peuvent s’annuler qu’en présence d’une tradition (sunna) formelle et incontestable ou d’un consensus fiable prouvant que telle ou telle cause annule les ablutions. Or, nulle part Allah n’a ordonné de refaire ses ablutions après avoir vomi, pas plus qu’il n’existe de sunna authentique ou de consensus communautaire attestant d’une telle chose.
Et Allah demeure Plus Savant
Cheikh Sulaymân Ibn Nâsir Al ‘Ulwân
Source : « Compilation des fatâwâ de cheikh Al ‘Ulwân ».
Traduction : Oum-Ishâq
Relecture et correction : Oum-Mou’âwiya
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[1] NDT : Madhiyy : Eau blanchâtre et visqueuse sécrétée par l’être humain lorsqu’il est sous l’effet du désir ou avant le coït.
